Un pasteur devrait-il prêcher ou nettoyer les toilettes ? (Brian Croft)

Un pasteur devrait prêcher, bien sûr. Du moins, c’est ce que j’aurais répondu lorsque je me suis joint à mon église il y a de cela presque huit ans. Toutefois, j’ai rapidement réalisé qu’il y avait, en plus de la prédication, beaucoup d’autres besoins à combler. Le problème était qu’il n’y avait plus personne pour accomplir ces tâches. Il faut comprendre que j’arrivais dans une Église qui existait depuis environ 80 ans et qui était sur le point de fermer ses portes. Il ne restait plus qu’un vieil édifice délabré, mais magnifique, et une trentaine de membres fidèles et âgés qui ne pouvaient plus subvenir aux besoins croissants de l’assemblée. Les toilettes étaient sans doute la partie du bâtiment qui avait été la plus négligée. Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que les toilettes ne sont pas l’endroit idéal pour « laisser aller les choses » trop longtemps.

C’est un bon moment pour mentionner que j’ai une phobie du nettoyage des toilettes, à tel point que j’ai conclu une entente avec ma femme lorsque nous nous sommes mariés. Je l’aiderais à faire tout ce qu’elle veut dans la maison, à condition qu’elle ne me demande jamais de nettoyer la toilette. Elle a gracieusement accepté. Ce que j’ai réalisé, c’est que même si tous ne partagent pas ma phobie des toilettes, la plupart des gens sont dégoûtés par les toilettes malodorantes et sales. Je savais qu’il nous fallait quelqu’un qui nettoie régulièrement les toilettes. C’était sans doute notre plus grand besoin pour faire en sorte que le bâtiment de notre Église soit un meilleur endroit pour accueillir les visiteurs.

Puisque j’étais le nouveau pasteur et que personne d’autre n’était assez jeune ou assez en forme pour servir l’Église de cette façon, j’ai compris que c’est moi qui allais devoir m’occuper de cette tâche. Je n’étais pas content du tout. L’épouse de notre pasteur associé (un autre couple était venu s’occuper de l’Église avec nous) a finalement eu pitié de moi et elle a accepté de partager mon fardeau en me remplaçant régulièrement (j’ai encore beaucoup d’amour pour elle encore aujourd’hui à cause de cela). Au cours des trois années suivantes, le nettoyage des toilettes a été l’une de mes tâches pastorales hebdomadaires. Malheureusement, j’ai souvent péché dans mon cœur en l’accomplissant. Cela dit, dans sa grâce, le Seigneur m’a enseigné de précieuses leçons sur l’humilité et la fidélité dans le ministère. Il m’a montré ce que cela signifie vraiment de servir Christ et son Église. Voici deux leçons importantes que j’ai pu tirer de mon expérience :

Le pasteur est ultimement responsable de toutes les tâches à réaliser dans une église

Que cela nous plaise ou non, nous sommes responsables d’accomplir ces tâches. Nous n’aimons peut-être pas ça. Cela peut sembler injuste. Mais c’est comme ça, c’est tout.  Plus tôt nous, pasteurs, accepterons cette réalité, plus nous serons équipés pour faire ce dont nous avons besoin pour ne pas porter le fardeau d’accomplir nous-mêmes chaque tâche dans l’église. De mon côté, je me suis concentré sur la formation de nouveaux leaders qui pourront s’occuper de ces tâches quotidiennes (des diacres, voir 1 Timothée 3.8-15) et j’ai identifié des hommes bibliquement qualifiés et capables de porter les fardeaux de l’Église avec moi (des pasteurs, voir 1 Timothée 3.1-7).

Si vous n’êtes pas disposé à nettoyer les toilettes, vous ne devriez pas prêcher

Jésus nous enseigne que celui qui veut être grand dans le royaume de Dieu doit d’abord être un serviteur (Marc 10.43). Dieu m’a parlé un jour alors que je nettoyais les toilettes de notre église (avec une mauvaise attitude) et m’a aidé à comprendre que si je n’étais pas disposé à servir Christ de cette façon, je n’étais pas digne de prêcher la Parole de Dieu et d’occuper un rôle aussi public et visible dans l’Église. J’ai été surpris de constater à quel point les gens de mon Église étaient impatients de m’entendre prêcher parce qu’ils savaient que j’avais frotté les toilettes la veille.

Le nettoyage des toilettes ne fait plus partie de mes tâches pastorales hebdomadaires. Nous avons maintenant une personne dans notre Église qui assume fidèlement cette tâche, et plusieurs autres comme elle, pour me permettre de répondre à d’autres besoins pastoraux. Nous l’apprécions beaucoup. Je suis cependant reconnaissant d’avoir fait ce travail pendant trois ans et d’avoir appris ce que j’ai appris. Mon cœur est maintenant disposé à répondre à ce besoin s’il se présente à nouveau.Les leçons sur le ministère pastoral que j’ai apprises en étant sur les mains et les genoux pour frotter les toilettes de l’église étaient plutôt inattendues, mais elles m’ont été d’une valeur incommensurable.

De plus, Dieu, dans sa douce providence, m’a libéré de la phobie de nettoyer les toilettes.