Un point de référence stable (Timothée Wenger)
Quand l’homme parle …
« Voilà ce que nous avons découvert : c’est ainsi ! A toi d’entendre et de le reconnaître ! » (Job 5.27)
Eliphaz commence très fort. Il ne se pose pas la question du pourquoi de la souffrance, mais affirme simplement que la souffrance est une punition de Dieu. Il suffit de le comprendre, de se détourner de son péché et la souffrance disparaît. Mais c’est totalement oublier plusieurs choses, et la première étant la souveraineté de Dieu.
Eliphaz ne décrit pas un Dieu souverain, il décrit un Dieu puissant, mais si je comprends bien son discours, c’est un Dieu qui est dépendant des actes des hommes dans son action. Il punit le méchant et bénit le juste, il n’a pas le choix. Le discours d’Eliphaz est totalement tourné vers l’homme, il se vante même de sa propre recherche de Dieu, alors qu’il est face à une personne souffrante qui a besoin d’écoute, d’encouragement, de compassion, tout en restant juste.
Théocentrisme vs. anthropocentrisme
Une autre chose, si nous allons dans l’observation comme il le fait : n’y avait-il pas des méchants qui prospéraient à son époque ? Et des justes qui étaient pauvres ? La théologie de la prospérité en plus de sa grossière erreur de matérialisme, se heurte à une foule d’exemples qui contredisent nettement cette façon de voir. Élie est un homme consacré et pourtant il vit dans le désert par exemple, Paul fabrique des tentes pour subvenir à ses besoins, … Eliphaz dit avoir découvert ce qu’il annonce. C’est totalement tourné vers l’homme, on dit que c’est anthropocentrique. Je l’ai découvert, donc c’est la vérité ! Et l’Éternel dans tout ça ? Face à l’affirmation “Dieu l’a révélé, c’est la Vérité” la conclusion d’Eliphaz tient-elle ?
Combien souvent des conclusions sont données comme étant les paroles de vérité, parce que quelqu’un l’a découvert et c’est ainsi. Ce n’est pas tout, il faut non seulement l’entendre, mais également le reconnaître. Cela me fait penser aux médias, cette parole du jour pourrait très bien leur être propre : voilà ce que nous avons découvert : c’est ainsi, à vous de l’entendre et de le reconnaître. En fait ce qu’ils disent, c’est : « nous vous apportons la vérité, écoutez et ne contestez pas ». C’est absolument terrible, car le point de référence est ce qui est découvert. Mais comme personne n’a tout découvert, ce point de référence est bien instable.
Un point de référence stable
Quelle est ton point de référence, est-ce ce que tu as découvert ? Pour ma part ce texte me reprend et m’encourage à avoir un point de référence stable, solide qui ne change et ne bouge pas. Il existe, c’est l’Éternel, et sa Parole qu’il nous a donnée et qu’il nous fait comprendre par son Esprit. La leçon que je tire aujourd’hui et que je désire mettre en pratique, même si je sais que je suis faible et que parfois je tombe encore dans ce piège, c’est de ne pas partager mes découvertes comme base de discussion, mais ce que la Parole de Dieu dit, et ce qu’elle dit toujours en lien avec l’ensemble de la révélation.
Donc en nous approchant de quelqu’un de souffrant, au lieu de parler de nos expériences, parlons d’abord de ce que Dieu dit et les Psaumes qui sont un vivier de paroles utiles, encourageantes et toujours vraies et justes. Ainsi nous ne dirons pas « voilà ce que j’ai découvert: c’est ainsi », mais « voilà ce que l’Éternel dit : c’est la vérité ».