Un point de vue biblique sur l’esprit et son rapport au corps (Ed Welch)

Pour aborder ce débat, trois questions doivent retenir notre attention.

  1. Existe-t-il vraiment une substance spirituelle distincte ? En fait, avons-nous une âme immatérielle, ou l’âme est-elle un artefact de la pensée grecque ?
  2. Si l’esprit ou l’âme existe, comment le ou la définir ? Quel est son rôle ?
  3. S’il existe une substance spirituelle, comment se comportet-elle ou interagit-elle avec la matière physique d’un individu ?

Sommes-nous plus qu’un corps physique ?

À la longue, ces questions nous plongent dans le mystère ; cependant, la Bible offre aussi des réponses claires et sans équivoque. La plus évidente de ces réponses est que l’Écriture enseigne que l’univers créé se compose de matière et de substance immatérielle. Indépendamment du nombre de fois où l’on revient sur son interprétation, la Bible affirme avec aplomb l’existence de substance immatérielle également. Devenir un matérialiste convaincu reviendrait à nier l’existence de Dieu, car Dieu est lui-même esprit.

Puisque vous n’avez vu aucune figure le jour où l’Éternel vous parla du milieu du feu, à Horeb, veillez attentivement sur vos âmes, de peur que vous ne vous corrompiez et que vous ne vous fassiez une image taillée, une représentation de quelque idole, la figure d’un homme ou d’une femme, la figure d’un animal qui soit sur la terre, la figure d’un oiseau qui vole dans les cieux, la figure d’une bête qui rampe sur le sol, la figure d’un poisson qui vive dans les eaux au-dessous de la terre.

(De 4.15‑18)

Bien que la croyance en Dieu et en un monde immatériel et spirituel soit démodée pour certains, on peut dire avec assurance que la majorité de la population mondiale est convaincue de la présence d’un monde immatériel. En effet, compte tenu du nombre de bouddhistes et d’hindous dans le monde, on doit admettre que la plupart des gens seraient d’avis que seul l’esprit existe et que la matière n’est qu’illusoire ! Cela, bien sûr, ne prouve pas la présence d’un domaine spirituel. Ces questions ne sont pas décidées par un vote populaire. Cependant, elles laissent entendre que notre hypothèse d’une âme immatérielle ne devrait pas être rapidement rejetée.

C’est l’enseignement le plus pertinent de la Bible sur les sciences du cerveau : le monde créé se compose du spirituel et du physique, de l’esprit et de la matière. Les êtres humains en particulier sont une unité comprenant ces deux parties.

Dans la vie comme dans la mort, j’appartiens, corps et âme, non pas à moi‑même, mais à Jésus‑Christ, mon fidèle Sauveur. (Catéchisme de Heidelberg, Q. 1).

Après la mort, les corps des hommes retournent à la poussière et connaissent la corruption […] ; mais les âmes, qui ne meurent ni ne dorment, ayant une existence immortelle, retournent immédiatement à Dieu qui les a données (Confession de foi de Westminster 32.1).

Nous sommes « des êtres composites, un organisme naturel occupé par un esprit surnaturel ou vivant en symbiose avec lui3 ». Nous sommes des êtres spirituels qui habitent dans une tente terrestre (2 Co 5.1). Cette dualité (ce duplex) est présentée au tout début de la Bible. Dieu fait l’homme de deux substances : la poussière et l’esprit (Ge 2.7). Cette distinction est alors présumée et développée tout au long de l’Ancien et du Nouveau Testament.

S’il ne pensait qu’à lui-même, s’il retirait à lui son Esprit et son souffle, toute chair périrait soudain et l’homme rentrerait dans la poussière (Job 34.14,15).

[…] avant que la poussière retourne à la terre, comme elle y était, et que l’esprit retourne à Dieu qui l’a donné (Ec 12.9).

Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne (Mt 10.28).

Exerce-toi à la piété ; car l’exercice corporel est utile à peu de chose, tandis que la piété est utile à tout : elle a la promesse de la vie présente et de celle qui est à venir (1 Ti 4.8).

Certes, il semble étrange de se considérer comme un duplex formé d’un corps matériel et d’un esprit immatériel. En fait, se compartimenter soi-même de cette façon-là devrait nous paraître étrange. Après tout, on est une personne.

L’esprit n’était pas autrefois une garnison maintenant son poste avec difficulté dans une nature hostile [le corps], mais il était entièrement « à l’aise » dans son organisme, comme un roi l’est dans son propre royaume ou un cavalier sur son cheval, ou mieux encore, comme la partie humaine d’un centaure était « à l’aise » avec la partie équine.

C. S. Lewis, The Weight of Glory and Other Addresses

Corps et esprit étaient, à un moment donné, réunis de façon homogène. Mais n’y a-t-il pas des occasions où l’unité se fissure ? Par exemple, on dit d’un bras ou d’un pied que c’est « mon bras » et « mon pied », comme s’ils nous appartenaient. D’une certaine manière, notre être physique ne suffit pas entièrement à nous définir. En revanche, il nous appartient.

Le domaine médical a également remarqué l’insaisissable « moi ». Alors que le corps est, évidemment, bien visible, le « je » nous échappe. Autrement dit, on ne le trouve pas dans le cerveau. Par exemple, lors de certaines interventions cérébrales, des chirurgiens ont eu l’occasion de stimuler électriquement le cerveau de patients alertes. Cette stimulation électrique peut déclencher des mouvements du corps, des souvenirs, des émotions et autres activités cognitives, mais l’activité stimulée électriquement se distingue toujours du « moi ». Les patients disent, après que l’électrode du chirurgien fait revivre des souvenirs ou provoque des mouvements brusques : « Je n’ai pas fait ça. C’est vous qui l’avez fait. Je n’ai pas fait ce bruit. Vous l’avez extirpé de moi. » Le « je » semble échapper à toute tentative de le localiser.

Notons également que la description chrétienne de la mort suppose que nous sommes composés de deux substances. La mort, c’est quand le corps et l’esprit sont séparés l’un de l’autre. C’est quand la frontière invisible entre corps et esprit devient la plus apparente : le corps dépérit et meurt, mais l’esprit survit. S’il n’y avait pas de mort ou de faiblesse physique, les distinctions entre corps et esprit seraient suffisamment floues pour les faire apparaître indivisibles sur le plan fonctionnel. Depuis la chute, cependant, même si ces substances vont de pair, elles peuvent se séparer. Par conséquent, bien que l’Écriture souligne que la vraie personne est la personne tout entière, une unité de l’esprit et du corps, dans notre monde déchu, nous devons compter avec notre double nature et ses diverses implications.


Cet article est extrait du livre C’est la faute du cerveau!  par Ed Welch.