Un remède pour le chrétien mécontent (Thomas Watson)
J’ai appris à être content dans l’état où je me trouve (Philippiens 4:11)
Ce texte présente un reproche adressé à ceux qui ne se contentent pas de leur condition. Ce mal revêt des proportions presque épidémiques. Certains, qui ne se contentent point de la vocation à laquelle Dieu les a appelés, doivent s’élever. Il leur faut passer de la charrue au trône. Ils ressemblent au lézard dont parle le livre des Proverbes, qui « saisit avec ses mains, et se trouve dans le palais des rois » (30:28).
D’autres veulent passer de la boutique à la chaire (Nombres 12:2). Ils veulent fréquenter les temples de l’honneur avant d’avoir atteint celui de la valeur. Ils s’emparent de la chaire de Moïse sans revêtir les clochettes et les grenades d’Aaron. De tels hommes se transforment en singes, ces animaux qui dévoilent leur difformité quand ils grimpent.
Il ne leur suffit pas que Dieu ait répandu ses dons sur les hommes et leur donne de s’édifier mutuellement en privé ni qu’il les ait enrichis de multiples bénédictions. Ils veulent encore le sacerdoce (Nombres 16:10) !
Ne soyons pas orgueilleux
N’est-ce pas ici rien de plus qu’un mécontentement qui découle du flot hautain de l’orgueil ? Ils accusent Dieu au fond de leur cœur de ne pas les avoir accrochés plus haut sur le mur de la vie. Tout homme se plaint de ce que son état n’est pas meilleur, mais il est rare d’en voir un s’affliger de ce que c’est aussi le cas pour son cœur.
N’envions et ne convoitons pas
Tel homme loue telle sorte de vie, tel autre convoite telle autre vie. L’un pense meilleure la campagne, et l’autre lui préfère la ville. Le soldat voudrait être marchand, et le négociant regarde avec envie le militaire. Il semble que l’homme pourrait se contenter de n’importe quoi, sauf ce que Dieu lui a accordé. Comment se fait-il que les hommes ne soient pas contents ? Très peu de chrétiens ont appris la leçon de l’apôtre Paul. Le pauvre et le riche tout à la fois ne savent pas comment être contents. Ils peuvent tout apprendre, sauf cette leçon.
S’il est pauvre, l’homme apprend à envier. Il calomnie ceux qui lui sont supérieurs et la prospérité de l’autre lui est une horreur. Lorsque la lampe de Dieu brûle au-dessus de la tente d’un homme, son éclat blesse et offense son voisin. Au sein des privations, les hommes peuvent en ce sens être dans l’abondance, à savoir, en jalousie et en méchanceté. Un œil envieux est un œil mauvais.
L’homme apprend à se quereller tout en continuant à se plaindre, comme si Dieu l’avait maltraité. Il fait sans cesse mention de ses besoins. Il veut telle ou telle consolation, alors que son plus grand besoin réside en un esprit contenté. Ceux-là même qui font bon ménage avec leur péché n’arrivent pas à s’accommoder avec leur condition.
S’il est riche, l’homme apprend à convoiter. Il est assoiffé du monde et il amasse tout ce qu’il peut, même par des moyens injustes s’il le faut. Ce sont des hommes « dont les mains sont criminelles et la droite pleine de présents », comme l’exprime le psalmiste (26:10).
Ne soyons pas mécontents
Placez une œuvre bonne sur un des plateaux de la balance et un lingot d’or sur l’autre. L’or pèse plus lourd pour ces gens. Quatre choses ne disent jamais : « Assez ! », dit Salomon (Proverbes 30:15). J’en ajouterais une cinquième : le cœur de l’homme avide.
Ce péché du mécontentement n’a jamais autant régné et fait rage depuis la création du monde qu’en notre propre génération. Dieu n’a jamais été autant déshonoré. On ne peut presque pas parler avec quelqu’un sans que la passion de sa langue ne trahisse le mécontentement de son cœur. Tout le monde épanche ses problèmes, et le bègue lui-même y trouve ici la plus grande facilité de parole.
Si Dieu ne nous accorde pas ce que nous désirons, il n’aura certainement pas un regard aimable de notre part ! Au lieu de cela, la maladie du mécontentement s’empresse de nous saisir et nous sommes prêts à mourir de cette seule indisposition. Si Dieu ne répond pas à la convoitise des Israélites, ils lui demandent de leur ôter la vie. La manne ne suffit plus, il leur faut les cailles de surcroît. Achab, bien que roi et repu avec toutes les terres qui reviennent à la couronne, aurait-on pu penser, rentre chez lui triste et irrité parce qu’il ne peut posséder la vigne de Naboth !
Cessons d’être capricieux
Jonas, homme bon et prophète de Dieu, mais en proie à un caprice, demande la mort. « Tu as tué mon ricin, tue-moi aussi », dit-il à Dieu. Rachel s’exclame : « Donne-moi des enfants ou je meurs ! » Elle possédait déjà de nombreuses bénédictions si elle avait bien voulu y prendre garde, mais le contentement lui échappait encore. Dieu a promis de pourvoir à tous nos besoins ; doit-il également satisfaire nos convoitises ?
Beaucoup de gens tombent dans le mécontentement pour des bagatelles. Ils voient tel autre mieux vêtu, un bijou plus précieux ou une nouvelle mode. Néron, non content de posséder l’empire, enrageait de ce que les musiciens avaient plus de talent que lui !
Comme il est étonnant de voir certains hommes languir dans le mécontentement parce qu’ils convoitent des choses qui les rendraient encore plus ridicules s’ils les possédaient !
Cet article est tiré du livre : Le contentement est un don de Dieu de Thomas Watson