Une journée monumentale et tragique dans l’histoire de l’Église (John MacArthur)
Le nom « puritain » a été inventé comme terme de dérision et de mépris. Il a été accolé à un groupe de pasteurs anglicans en Angleterre aux XVIe et XVIIe siècles, alors qu’ils essayaient de purifier l’Église de ce qui restait de l’influence et des pratiques catholiques romaines. Ces pasteurs puritains ont exhorté à plusieurs reprises les Églises d’Angleterre à se repentir de leur caractère charnel, leurs hérésies et leur prêtrise corrompue. Mais les membres de l’Église anglicane n’ont pas voulu se repentir. Ils ne pouvaient pas nier la nécessité d’une réforme, mais ils voulaient une réforme mitigée plutôt qu’une réforme en profondeur.
Ceux qui détenaient les rênes du pouvoir dans la hiérarchie anglicane sont demeurés impénitents, mais aucunement passifs envers les pasteurs puritains. Ils étaient déterminés à faire taire les voix qui les invitaient à se repentir. Durant des décennies, les puritains ont affronté l’hostilité et la persécution autant de la part des dirigeants d’Églises que des politiciens. Plusieurs ont souffert et sont morts pour leur foi, alors que de nombreux autres ont enduré l’emprisonnement et la torture au nom de Christ. La persécution a atteint son paroxysme en 1662, lorsque le parlement britannique a voté l’Acte d’Uniformité. Essentiellement, ce décret interdisait toutes pratiques ou doctrines qui n’étaient pas strictement anglicanes. Cela a conduit à une journée monumentale et tragique dans l’histoire spirituelle de l’Angleterre : le 24 août 1662, communément appelé la Grande Expulsion. Ce jour-là, deux mille pasteurs puritains ont été dépouillés de leur titre d’ordination et évincés en permanence des Églises anglicanes.
Ces fidèles puritains comprenaient que l’Église d’Angleterre devait se repentir et se réformer avant que la nation ne commence à se tourner vers Christ. Cependant, au lieu de s’écarter de leur méchanceté et de leur corruption, les dirigeants impénitents de l’Église d’Angleterre ont tenté de faire taire tous ceux qui les appelaient à la repentance et à la restauration.
La suite de l’histoire révèle que cette Grande Expulsion n’était pas un événement isolé aux répercussions temporaires. En réalité, on peut dire sans se tromper que la Grande Expulsion est une catastrophe spirituelle ; c’est une ligne de démarcation claire et sombre dans l’histoire de l’Angleterre qui a des implications encore aujourd’hui.
L’un des ministres excommuniés s’appelait Matthew Meade. Voici ce qu’il écrit au sujet de la Grande Expulsion : « Ce jour funeste mérite d’être écrit en lettres noires dans le calendrier anglais. » Ian Murray décrit les répercussions de cette sombre journée comme suit : « Après avoir réduit au silence les 2 000, nous entrons dans une ère de rationalisme, de tiédeur de la chaire, d’indifférence dans les bancs ; un âge où le scepticisme et la mondanité sont ancrés si profondément que la religion nationale a été réduite à une simple parodie du christianisme du Nouveau Testament. »
J. B. Marsden y a vu une invitation au jugement de la part du Seigneur. Il écrit : « S’il peut être prétentieux de prendre des événements particuliers comme preuves que Dieu est mécontent, il faut certainement reconnaître qu’une série longue et ininterrompue de désastres devrait indiquer à une Église ou une nation que sa faveur lui est retirée. Cinq ans après l’expulsion des deux mille non-conformistes, Londres a été dévastée deux fois. » Il ne se trompait pas. La Grande Expulsion a eu lieu à l’été 1662. En 1665, une épidémie de peste bubonique s’est répandue sur Londres, tuant plus de 100 000 personnes, soit près du quart de la population. L’année suivante, un grand incendie a déferlé sur Londres, incinérant plus de 13 000 maisons, près de cent églises, incluant la cathédrale Saint-Paul, et décimant presque toute la ville. Plusieurs historiens en accord avec Marsden ont lié ces désastres à une rétribution divine à cause de l’impénitence de l’Angleterre.
Toutefois, ces désastres ne peuvent être comparés aux conséquences spirituelles de l’apostasie de l’Angleterre. Après avoir évoqué la peste et le feu, Marsden ajoute : « D’autres calamités ont suivi, bien plus affreuses et persistantes. La religion de l’Église d’Angleterre a frisé l’extinction, et dans plusieurs paroisses, la lampe de Dieu s’est éteinte. »
J. C. Ryle, qui œuvrait comme évêque de Durham à la fin des années 1800, a résumé le coût spirituel de l’impénitence de l’Église d’Angleterre en ces mots : « Je crois qu’elle [la Grande Expulsion] a causé une blessure à la vraie religion en Angleterre dont elle ne guérira probablement jamais. » En effet, au cours des siècles subséquents, l’Angleterre s’est enlisée dans une culture de libéralisme, envahie par des Églises refroidies ou mortes, et s’est écroulée dans l’apostasie et dans une noirceur spirituelle.
En plus des siècles de mauvais fruits qui sont ressortis de l’Acte d’Uniformité et de la Grande Expulsion, l’Église d’Angleterre a négligé d’accomplir sa mission première. Les puritains ont été dispersés, mais pas réduits au silence. Plusieurs des hommes qui ont été chassés de leurs Églises ont continué d’avoir de l’influence et cette dernière se fait sentir encore de nos jours.
Des piliers spirituels tels que Richard Baxter, John Flavel, Thomas Brooks et Thomas Watson faisaient partie de ceux qui ont perdu leurs chaires en 1662, mais qui ont poursuivi leur ministère comme prédicateurs hors-la-loi. Avec plusieurs autres, ils ont continué à dénoncer la corruption de l’Église anglicane, en l’exhortant à la repentance. En agissant ainsi, ils ont perpétué l’héritage des réformateurs qui avait commencé un siècle plus tôt.
Cet article est tiré du livre : Un appel à réformer l’Église de John MacArthur