Une nouvelle autorité vient dans le monde : la Parole vivante (John Piper)
La venue de Dieu lui-même
Ce qui change tout (avec l’Ancien Testament), c’est la nature unique de Jésus-Christ. Dieu n’a pas d’abord envoyé un nouveau livre dans le monde ; il a envoyé son Fils. Comme l’exprime un livre du Nouveau Testament, « Après avoir autrefois, à de nombreuses reprises et de bien des manières, parlé à nos ancêtres par les prophètes, Dieu, dans ces jours qui sont les derniers, nous a parlé par le Fils » (Hé 1.1,2). Voici ce qui a ouvert la voie à un nouveau canon d’écrits faisant autorité : non pas la venue de nouveaux porte-parole de Dieu (plus tard appelés apôtres), mais la venue de Dieu lui-même.
La Parole faite homme
« Au commencement, la Parole existait déjà. La Parole était avec Dieu et la Parole était Dieu… Et la Parole s’est faite homme, elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité, et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme celle du Fils unique venu du Père » (Jn 1.1,14). Il n’est pas surprenant que les disciples de Jésus, le Fils de Dieu, aient reconnu que son autorité était égale, et même supérieure, à celle des Écritures de l’Ancien Testament. C’est d’ailleurs ce qu’il revendiquait lui-même. La gloire du Dieu incarné allait créer et confirmer dans le cœur de ses élus l’existence d’un nouveau canon de l’Écriture.
Une autorité supérieure à la Bible hébraïque
Par ses affirmations radicales le concernant, Jésus annonce une nouvelle autorité dans le monde – une autorité égale, et même supérieure, à celle de la Bible hébraïque. Voilà ce qui constitue toujours et encore une pierre d’achoppement pour ceux qui ne reconnaissent pas la nature stupéfiante de ce qui s’est produit lorsque Jésus est venu : c’est Dieu lui-même qui est entré dans le monde en tant que Dieu-homme.
Bien des efforts ont été déployés pour faire de Jésus un maître juif non divin, certes remarquable et même révolutionnaire. Pourtant, tous sont anéantis par ses déclarations extravagantes à son propre sujet – et ce, même dans les textes où l’on s’y attend le moins, comme le sermon sur la Montagne. Il y a une centaine d’années, ce dernier était tenu en haute estime par un vieux libéralisme (qui a encore des représentants aujourd’hui) qui considérait ce passage biblique comme le recueil le plus radical des enseignements éthiques de Jésus. Les adeptes de ce libéralisme espéraient enfin être affranchis des affirmations mythologiques concernant un Être surnaturel ; ils pensaient trouver une religion simple qui mettrait en avant la paternité de Dieu, la fraternité des hommes et l’éthique de l’amour. Ils affectionnaient tout particulièrement les paroles suivantes de ce célèbre sermon :
Heureux ceux qui procurent la paix (Mt 5.9).
Tout ce que vous voudriez que les hommes fassent pour vous, vous aussi, faites-le de même pour eux (Mt 7.12).
Ne jugez pas afin de ne pas être jugés (Mt 7.1).
Aimez vos ennemis (Mt 5.44).
Mais au moment où Jésus commence pour eux à ressembler à Moïse, Confucius, Mahatma ou Mao, il emploie un vocabulaire impérial et surnaturel pour remettre les pendules à l’heure :
Ceux qui me disent : « Seigneur, Seigneur ! » n’entreront pas tous dans le royaume des cieux, mais seulement celui qui fait la volonté de mon Père céleste. Beaucoup me diront ce jour-là : « Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? N’avons-nous pas chassé des démons en ton nom ? N’avons-nous pas fait beaucoup de miracles en ton nom ? » Alors je leur dirai ouvertement : « Je ne vous ai jamais connus. Éloignez-vous de moi, vous qui commettez le mal ! » (Mt 7.21-23.)
Jésus, le juge de l’univers
C’est stupéfiant. Imaginez que vous entendez un rabbin ordinaire tenir ce discours. Il déclare en somme : « Au Jugement Dernier, je serai celui à qui vous devrez rendre compte. Je serai le Juge et c’est moi qui déciderai qui entrera au ciel et qui ira en enfer. » Autrement dit, ce rabbin qui livre le sermon sur la Montagne affirme être le juge de l’univers – c’est tout simplement époustouflant. Ces propos entraîneront la condamnation et l’exécution de Jésus. Mais c’est bien l’éclat de la gloire de Dieu qui rayonne dans une telle autorité, et c’est ce même éclat qui donnera naissance au canon du Nouveau Testament.
« Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. »
Au premier chapitre du sermon sur la Montagne (Mt 5.17), Jésus scandalise par ses déclarations. Lorsqu’il explique : « Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la loi ou les prophètes », on s’attend à ce qu’il ajoute : « je suis venu non pour les abolir, mais pour les confirmer. » Or, ce n’est pas du tout ce qu’il affirme. Il dit : « Je suis venu non pour abolir, mais pour accomplir. »
La gloire de Dieu, celle-là même qui a prouvé la réalité de Dieu aux prophètes de l’Ancien Testament, s’est accomplie en Jésus. Il était la lumière de la gloire de Dieu dans le monde. « Jésus leur dit : “La lumière est encore pour un peu de temps parmi vous. Marchez pendant que vous avez la lumière” » (Jn 12.35). Mais beaucoup n’ont pas vu que sa splendeur était la lumière de la gloire de Dieu : « Malgré tous les signes miraculeux qu’il avait faits devant eux, ils ne croyaient pas en lui » (Jn 12.37).
L’apôtre Jean explique cet aveuglement en citant le prophète Ésaïe : « Il a aveuglé leurs yeux et il a endurci leur cœur » (Jn 12.40 ; És 6.10). Puis Jean donne cette explication stupéfiante : « Ésaïe dit cela lorsqu’il vit sa gloire [celle de Jésus] et qu’il parla de lui » (Jn 12.41). Autrement dit, cette lumière du monde qui marchait parmi eux dans la personne de Jésus, c’est la lumière de la gloire de Dieu révélée dans Ésaïe 6. C’est clairement ce que Jésus entend par les mots « Je suis venu pour accomplir. » Et pour les disciples – et nous-mêmes –, c’est le fondement sur lequel repose notre assurance que ses paroles sont vraies.
Aucun autre nom que celui de Jésus
Jésus n’était pas simplement un autre nom figurant sur la longue liste d’hommes sages et de prophètes. Après lui, il n’y aurait aucun autre nom. C’est dans sa personne et dans son œuvre que la Loi et les Prophètes sont accomplis. Voilà pourquoi à six reprises dans Matthieu 5, Jésus revendique une autorité suprême, se plaçant ainsi au-dessus de l’Écriture et de la tradition : « Mais moi, je vous dis » (Mt 5.22,28,32,34,39,44).
Alors que les béatitudes commencent à résonner comme les propos d’un guide spirituel, sage et humble, Jésus déclare que nous sommes heureux « lorsqu’on nous insultera, qu’on nous persécutera et qu’on dira de nous toute sorte de mal » à cause de lui. Pas à cause de Dieu, mais à cause de lui ! Qui plus est, il ajoute que nous pourrons nous réjouir en ce jour-là parce que nous appartiendrons à la même catégorie que les prophètes persécutés à cause du nom de Dieu. Être disciple de Jésus, c’est être récompensé avec les prophètes de Dieu.
Voici ce qu’il faut retenir : la majesté divine de la personne de Jésus rayonne dans chaque strate de ses enseignements. Le Nouveau Testament ne dépeint jamais Jésus comme un simple enseignant humain de morale ; il n’y apparaît que comme Seigneur de gloire. Comme celui qui accomplit l’Histoire. Comme le juge de l’univers.
Cet article est tiré du livre : Une gloire particulière de John Piper