Les fantasmes sexuels peuvent occuper une grande partie de nos pensées. Les images sexuellement explicites abondent dans les films, les magazines, à la télévision et sur Internet, ce qui a souvent pour effet de multiplier les tentations et de nous décourager devant l’emprise que le péché sexuel peut avoir sur nous. Même les chrétiens peuvent expérimenter cette bataille continuelle entre le désir de céder aux fantasmes et la volonté de leur résister.
Est-il vraiment possible de terrasser le dragon de la pornographie et des fantasmes sexuels une fois qu’il a pris le contrôle de notre vie ? Dans cette interview, conduite par David Powlison, nous rencontrerons un homme – nous l’appellerons Bob – qui a connu la délivrance de Christ dans cet aspect de sa vie.
Les luttes contre les fantasmes sexuels
DAVID POWLISON – Bob, pourriez-vous raconter l’histoire de vos luttes contre les fantasmes sexuels ?
BOB – Dès l’âge de treize ou quatorze ans, j’ai été fasciné par le corps de la femme. Le seul matériel sexuellement explicite auquel j’avais accès dans les années 60 était le magazine Playboy. J’ai commencé à développer des fantasmes sur les femmes représentées dans ce magazine. J’étais conscient que ce n’était pas bon pour moi, mais j’aimais cela. J’aimais le sentiment de puissance que je ressentais en regardant ces images. La pornographie suscitait en moi une sorte d’ivresse.
Au fil des années, alors que la culture devenait plus libertine et permissive, le matériel pornographique que je regardais est devenu extrêmement explicite. J’ai alors pris l’habitude de me masturber et j’entretenais aussi des fantasmes sexuels élaborés sur des femmes que je connaissais. Je m’imprégnais d’images pornographiques et les superposais ensuite sur certaines femmes de ma connaissance, de sorte que j’ai fini par me constituer une véritable « vidéothèque » de fantasmes sur diverses femmes.
Un changement radical
DAVID POWLISON – Qu’est-ce qui a été à l’origine du changement qui s’est produit en vous dans la dernière année, tant dans votre comportement que dans votre vie de fantasmes ? Qu’est-ce qui a changé et pourquoi cela a-t-il changé ?
BOB – L’an dernier, je dirigeais un petit groupe d’étude biblique composé d’hommes et de femmes. Nous avions parlé, d’une manière générale, de nos luttes spirituelles et des péchés auxquels nous devions faire face. J’avais abordé, sans entrer dans les détails, ma préoccupation concernant ma vie spirituelle, notamment dans le domaine de la convoitise. C’est alors que, par une intervention providentielle de Dieu, quelque chose de remarquable s’est produit. Un jeune homme marié du groupe est venu me trouver et m’a avoué qu’il était à deux doigts de commettre l’adultère. Nous nous sommes rencontrés peu de temps après pour en parler davantage.
En bref, il était prêt à détruire son mariage ainsi que sa relation avec Dieu pour satisfaire ses convoitises. Je pouvais m’identifier à lui, puisque tant de fois, j’avais séduit des femmes dans mon imagination. Mais là ce n’était plus du fantasme, c’était la réalité. La personne assise en face de moi était réellement sur le point de commettre l’adultère.
J’étais complètement effondré parce que je m’identifiais avec le prédateur sexuel en face de moi. J’étais bien conscient que je n’étais pas du tout en position de lui dire tout bonnement : « Eh bien, tu sais que l’adultère est un péché, la Bible le dit… » Il fallait que je lui brosse un portrait de ce qu’est vraiment un prédateur sexuel. Ce n’était pas une explication purement intellectuelle. J’ai alors utilisé une sorte d’électrochoc afin de lui montrer ce qui se passait dans son esprit. Pour cela, j’ai été plus explicite. J’ai même fini par le bouleverser, au point qu’il a renoncé à sa perspective d’adultère.
À la suite de cette conversation, il est allé demander conseil à notre pasteur et son mariage est en voie de guérison. Toutefois, je suis persuadé que c’était moi, le personnage principal de cet épisode. Dieu était à l’œuvre en moi. Il m’a utilisé pour aider cet homme à comprendre ce qu’il était en train de faire, mais en même temps, il me disait : « Pendant des années, tu as cru que l’adultère et la pornographie pouvaient t’apporter du plaisir, que tu pouvais en profiter et les dorloter dans ton cœur. Cela t’amuse ? Eh bien, empêche cet homme que tu connais depuis dix ans de commettre l’adultère et de détruire sa famille. »
Pourtant, le plus épouvantable pour moi était que j’allais devoir me dévoiler pour le sauver. J’allais devoir exposer publiquement ma vie cachée. Dieu me disait : « Tu ne peux pas servir deux maîtres. Tu ne peux me servir et servir ton idolâtrie sexuelle. Tu ne peux pas avoir les deux. » Selon son élection d’amour et sa volonté, Dieu a fait en sorte que je le choisisse lui.
La nécessité de faire un choix
DAVID POWLISON – Qu’est-ce qui vous a aidé lorsque la nécessité de faire un choix est devenue critique ? Vous avez décrit la situation où Dieu vous a placé, mais qu’est-ce qui en a fait un moment décisif ? Quelle réalité vous importait le plus ?
BOB – J’avais profondément conscience que Dieu m’aimait, que Jésus était mort pour un pécheur comme moi. J’étais aussi profondément conscient que je vivais dans un péché abominable. J’étais à bord d’un train qui prenait de plus en plus de vitesse et qui se dirigeait vers un formidable obstacle : la collision était inévitable. Jésus m’avait aimé et allait me secourir.
L’aide de Dieu
DAVID POWLISON – Qu’avez-vous fait par rapport à Dieu ?
BOB – J’ai beaucoup prié, et cela dans un esprit de repentance. J’ai demandé de l’aide et des conseils, et je me suis engagé à rendre des comptes. J’avais besoin d’être protégé de toute tentation de me laisser aller à regarder des images pornographiques ou d’appliquer aux femmes que je côtoyais les images, toujours disponibles, que j’avais en mémoire. Je passais beaucoup de temps à prier que Dieu me protège. Je rendais des comptes à d’autres personnes et je m’efforçais de trouver des conseils pertinents. Jésus m’a aussi aidé à prendre la résolution de fermer la porte au voyeurisme et aux fantasmes.
Voici maintenant un événement qui peut sembler anodin, mais qui est significatif pour moi, car il illustre bien les progrès que Dieu m’a fait faire. Dernièrement, j’étais à une journée de conférence pour mon travail. Au moment où tout le monde s’apprêtait à partir, une femme dans la rangée devant moi s’est penchée pour ramasser son sac à main. Son décolleté s’est généreusement ouvert et on voyait tout. Au lieu de regarder, je me suis détourné pour récupérer mes affaires… J’ai loué Christ. Il y a un an encore, je ne me serais pas détourné. Vous ne pouvez pas imaginer combien cela me rend heureux ; j’ai changé !
Cet article est tiré du livre : La pornographie de David Powlison
