Vous êtes fait pour méditer (David Mathis)
Pause et méditation
Nous avons été faits pour méditer. Dieu nous a créés avec cette capacité de nous arrêter pour réfléchir. Il ne veut pas seulement que nous l’écoutions, que nous parcourions rapidement sa Parole, mais que nous pensions à ce qu’il dit et que nous laissions notre cœur s’en imprégner.
C’est une caractéristique tout humaine que de pouvoir s’arrêter afin de réfléchir à une chose, de l’explorer par notre esprit et notre cœur, d’intégrer certaines réalités à nos pensées et les sonder par nos sentiments, de les regarder sous différents éclairages pour essayer de mieux en saisir le sens.
C’est ce que la Bible appelle la méditation. Donald S. Whitney la définit de la manière suivante : « une réflexion profonde sur les vérités et les réalités spirituelles révélées par la Parole dans le but de les comprendre, les appliquer et mieux prier. » C’est un merveilleux moyen de la grâce de Dieu dans la vie du chrétien ; peut-être celle qui est la moins bien comprise, la plus dénigrée de toutes les disciplines dans l’Église aujourd’hui. C’est pourtant le point culminant pour l’accueil de la Parole de Dieu dans nos vies.
La méditation et le chrétien
Puisque nous avons été créés pour méditer, il n’y a rien de surprenant à ce que de nombreuses religions dans le monde se soient saisies de cette discipline. De nouvelles écoles essayent régulièrement de puiser dans ses effets bénéfiques afin de favoriser une saine activité cérébrale ou de réguler la pression sanguine. Cependant, la méditation chrétienne est fondamentalement différente de ces « méditations » récupérées pas des systèmes non-chrétiens populaires. Elle ne préconise pas de se vider l’esprit, mais plutôt de le remplir de substance biblique et théologique, de vérité dont nous ne sommes pas la source, et de nous imprégner de ces choses jusqu’à ce que nous commencions à en ressentir l’intensité dans notre cœur.
[La méditation] n’implique pas de vider notre esprit, mais plutôt de le remplir de substance biblique et théologique…
Pour le chrétien, méditer signifie que « la parole de Christ habite en vous dans toute sa richesse ! » (Colossiens 3 : 16). Cela n’a rien à voir avec la méditation selon le monde qui consiste plutôt à « ne rien faire et en même temps être à l’écoute de son propre esprit ». Non, il s’agit de nourrir notre esprit des paroles de Dieu et de prendre le temps de les digérer lentement, d’en savourer la texture, de jouir de toutes les saveurs, de se délecter d’une cuisine aussi riche et savoureuse. La véritable méditation chrétienne est guidée par l’Évangile, elle est modelée par les Écritures, elle s’appuie sur le Saint-Esprit et se pratique dans la foi.
L’homme ne vit pas de pain seulement, et la méditation, c’est savourer lentement son repas.
La méditation jour et nuit
La méditation est un art perdu pour nous aujourd’hui plus qu’elle ne l’était pour nos pères dans la foi. Peut-être est-ce à cause de la multiplication des distractions de la vie moderne. Peut-être est-ce dû à l’augmentation des troubles générés par la corruption du péché. La Bible dit qu’un soir, Isaac « était sorti pour méditer dans les champs » (Genèse 24 : 63). De nombreux textes de l’Ancien Testament appellent à la méditation d’une telle manière que nous devrions nous laisser interpeller. Ou mieux encore, nous devrions ralentir notre course, nous éloigner un instant de toute distraction et prendre le temps de nous pencher sur ce que Dieu dit. Parmi ces textes, voici trois des plus importants.
Il y a d’abord Josué 1 : 8. À un moment clé de l’histoire de la rédemption, peu de temps après la mort de Moïse, Dieu lui-même s’adresse à Josué et lui donne à trois reprises une directive claire : « Fortifie-toi et prends courage » (Josué 1 : 6, 7, 9). Comment devait-il réussir cela ? Où trouver une telle force, un tel courage ? La méditation. « Que ce livre de la loi ne s’éloigne pas de toi ! Médite-le jour et nuit » (Josué 1 : 8).
Dieu ne demande pas à Josué d’avoir une connaissance générale de ce Livre, ou d’en lire rapidement quelques passages chaque matin, ni même de l’étudier en profondeur. Il lui demande d’être complètement subjugué par ces paroles et de bâtir sa vie sur ces vérités. Chacun fois que son esprit était au repos, ses pensées devaient le porter dans cette direction. Les instructions de Dieu devaient complètement combler sa vie, le diriger, modeler ses pensées, guider ses stratégies, nourrir les orientations de son cœur et inspirer ses actions.
La méditation dans les Psaumes
Deux autres textes clés sont tirés du premier psaume ainsi que du psaume le plus long. Psaumes 1 : 1-2 fait écho au premier chapitre de Josué : « Heureux l’homme qui… trouve son plaisir dans la loi de l’Éternel et la médite jour et nuit ! » Celui qui est béni, celui qui est heureux, celui qui trouve son plaisir dans la Parole de Dieu ne se nourrit pas de ces paroles de vie par une lecture rapide et superficielle, agrémentée de quelques moments d’étude. Il « la médite jour et nuit ! ».
Et la méditation domine pratiquement tout le Psaume 119 qui célèbre la Parole de Dieu. Le psalmiste explique méditer « sur tes décrets » (vs. 15 et 78), « tes prescriptions » (vs. 23 et 48) et sur « tes merveilles » (v. 27). Il proclame qu’il « médite tes instructions » (v. 99) et s’exclame « Combien j’aime ta loi ! Je la médite toute la journée » (v. 97). Si les instructions de l’ancienne alliance de Dieu ont pu être aussi précieuses aux yeux du psalmiste, à combien plus forte raison devrions nous méditer avec passion l’Évangile de la nouvelle alliance.
La méditation est le chaînon manquant La méditation de la Parole a pendant longtemps occupé une place importante dans l’histoire de l’Église. Elle était considérée comme l’un des moyens de grâce les plus puissants en faveur du peuple de Dieu. Les puritains, en particulier, célébraient le don de la méditation au même titre que tous les autres dons. Ils insistaient sur son lien indispensable avec l’écoute de Dieu (la lecture de la Parole) et avec le fait de lui parler (la prière). Whitney cite plusieurs puritains connus qui tous confirment que la méditation est bien « le chaînon manquant entre la lecture de la Bible et la prière », et ce faisant, il nous mène à une source précieuse de conseils pratiques pour méditer la Parole :
- « Commencez par lire ou entendre. Poursuivez avec la méditation ; terminez par la prière. » — William Bridge
- « La Parole nourrit la méditation et la méditation nourrit la prière… La méditation doit suivre l’écoute et précéder la prière… Ce que nous ingérons à travers les Écritures, nous le digérons par la méditation et nous le laissons ressortir en prière. » — Thomas Manton
- « La raison pour laquelle nous restons de marbre lorsque nous lisons la Parole, c’est parce que nous ne nous réchauffons pas au feu de la méditation. » — Thomas Watson
- « La principale raison pour laquelle nos prières sont inefficaces, c’est parce que nous ne prenons pas le temps de méditer avant de prier. — William Bates
Pour le chrétien, la méditation est donc une discipline qui remplit une fonction en lien étroit avec d’autres disciplines. Elle ne peut exister indépendamment de la révélation que Dieu a donnée de lui-même à travers sa Parole, ou de notre réponse respectueuse par la prière. Au contraire, telle une passerelle, la méditation comble le fossé existant entre l’écoute de Dieu et le fait de lui parler.
Au travers de la méditation, nous prenons le temps de réfléchir aux paroles de Dieu que nous avons lues, entendues ou étudiées. Nous les faisons défiler dans notre tête et nous les laissons enflammer nos cœurs ; ainsi, nous nous “réchauffons au feu de la méditation”. Nous creusons la révélation de Dieu, la laissant pénétrer nos âmes, et nous sommes transformés par sa vérité. Puis nous lui répondons par la prière. Comme l’a dit Matthew Henry : “Tout comme la méditation est la meilleure préparation à la prière, la prière est la meilleure chose qui puisse sortir de la méditation.”
La vraie guérison
La méditation chrétienne est moins une question de posture physique que de l’attitude de notre âme. Il ne nous est pas demandé de nous asseoir par terre, jambes croisées, ou sur une chaise, les deux pieds au sol, le dos bien droit et les paumes des mains orientées vers le ciel. La méditation chrétienne commence lorsque nos yeux se plongent dans le Livre, nos oreilles grandes ouvertes à sa parole, et notre esprit rempli de versets mémorisés.
Nous pouvons commencer par une lecture plus conséquente de la Parole, d’où nous tirons un verset ou un passage particulier qui nous a interpellés. Nous prenons alors le temps de le creuser. Puis, délibérément (un crayon en main ou nos doigts sur le clavier) nous cherchons à mieux comprendre les paroles de Dieu et à réchauffer notre âme à son feu. Nous nous laissons ainsi guider dans la prière puis pendant notre journée.
Dans une société où règnent le stress et l’agitation, pratiquer l’art de la méditation chrétienne pourrait tout à fait renforcer nos capacités mentales ou faire baisser notre pression sanguine. Mais plus important encore sera le bien qu’en retirera notre âme.
Cet article est adapté du livre : « La grâce au quotidien » de David Mathis