Y a‐t‐il des limites au fait d’honorer ses parents ? (Kevin DeYoung)

Y a-t-il des limites au fait d’honorer ses parents ? En un mot, oui. Il est possible d’abuser de son autorité. Le chapitre 5 des Actes énonce un principe qui concerne le gouvernement, mais aussi les parents, les responsables d’Églises et toute autre autorité exercée sur nous : si nous devons choisir entre obéir à Dieu ou obéir aux hommes, nous obéirons à Dieu. Si vos parents vous ordonnent de faire ce que Dieu interdit ou qu’ils interdisent ce que Dieu commande, vous ne pouvez et ne devez pas leur obéir. Pour illustrer cette idée, disons que la première table de la loi doit avoir préséance sur la seconde. Mais même dans de tels cas (rares, je l’espère), il existe toujours un moyen de respecter et d’honorer ses parents, même s’ils demandent quelque chose qui outrepasse leur autorité. 

Les parents ne devraient pas attendre la même obéissance de la part d’un enfant plus vieux que d’un petit enfant. Dans la Genèse, le plan divin est annoncé et Jésus le répète plus tard dans Matthieu 19.5 : 

« l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair ». 

Même dans le monde antique où les gens vivaient souvent littéralement sous le même toit et très près les uns des autres, il y avait toujours une forme de départ et de séparation. Une nouvelle cellule était formée. Cette nouveauté entraînait alors une rupture avec certaines des anciennes obligations. Il ne s’agissait pas d’une rupture totale, mais un réel tournant s’opérait. 

L’autorité parentale n’est pas absolue

Dans notre culture, où certaines personnes ne se marient pas et d’autres se marient plus tard dans la vie, je pense que le fait de partir de la maison équivaut à ce genre de rupture. Une mère de cinquante ans ne peut plus appeler sa fille de vingt-cinq ans pour lui dire ce qu’elle doit faire avec ses enfants ou ce qu’elle fait mal, et s’attendre à ce qu’elle lui réponde : « Oui, je vais obéir. » Il y a des limites. L’autorité parentale n’est pas absolue. 

Notre culture a tendance à ne pas honorer les générations précédentes

Or, dans la plupart des pays occidentaux, notre problème n’est pas l’obéissance viscérale aux parents. Si nous devions désigner le plus grand danger sur une échelle, ce ne serait pas : « J’éprouve un respect indéfectible à l’égard de mes parents. Je ne vois pas en quoi j’aurais besoin de leur tenir tête et d’affirmer ma propre identité. » Il est évident que dans notre société, presque tout s’élève contre ce genre de respect. Notre culture ne considère pas forcément que les plus âgés ont plus de sagesse et qu’ils méritent le respect. Notre réalité est plutôt la suivante : au fur et à mesure qu’on vieillit, on est mis au rancart. La culture des jeunes est synonyme de culture pop, et la culture pop, c’est tout ce que les jeunes de 15 à 25 ans aiment. Notre culture a tendance à ne pas honorer les générations précédentes. 

Ne serait-ce pas un réel choc culturel pour les gens d’entrer dans une église et d’y voir absolument le contraire ? Ils se trouveraient dans un endroit où l’âge est valorisé et où l’on fait appel à la sagesse des aînés. Tant que je serai considéré comme faisant partie de la catégorie des jeunes, je continuerai à le répéter pour que les gens ne me disent pas : « Tu dis tout ça juste parce que tu veux qu’on t’écoute. » Non, je dis simplement que vous devriez écouter les personnes qui sont bien plus âgées que moi. C’est une des pratiques que j’essaie d’observer en tant que pasteur.

J’estime le fait d’avoir toujours servi aux côtés d’aînés qui avaient l’âge de mon père – voire l’âge de mon grand-père à mes débuts – comme l’un des plus grands privilèges de mon ministère pastoral. Quels que soient les diplômes ou titres que je possède, j’admire et je respecte ces hommes. À bien des égards, ces hommes sont allés plus loin que moi dans la sainteté, et je dois les écouter et les respecter. 

La rébellion est un péché

Nous partons du principe que la rébellion constitue un rite de passage pour les adolescents, qu’ils sont ce qu’ils sont, et que c’est normal. Néanmoins, ce n’est pas le cas. Lorsqu’ils se rebellent, ils pèchent. Certes, construire son identité et se chercher sont des éléments d’un processus tout à fait naturel du développement et du cheminement. On n’est pas le même parent avec un enfant de quinze ans qu’avec un enfant de cinq ans. Toutefois, il faut arrêter de penser que ces étapes vers une saine indépendance donnent aux adolescents le droit de se rebeller, de manquer de respect, de s’entêter et de désobéir. 


Cet article est tiré du livre : Les dix commandements de Kevin DeYoung